La religion des autres. Plurivocation et équivocation : des enjeux éthiques de l'épistémologie en sciences des religions

Résumé

L’option gymnasiale Histoire et sciences des religions envisage les questions religieuses sous l’angle des sciences humaines. La « neutralité scientifique » de cette démarche peut devenir paradoxale ou créer une « zone de non-droit pédagogique » dès lors que certain·e·s étudiant·e·s abordent le cours dans une optique croyante. L’enseignement semble alors les mettre en jeu comme des « objets d’étude », parler de ces élèves à la troisième personne alors qu’ils et elles sont présents et par ailleurs considérer leur parole de foi sans validité. Sans renoncer aux paradigmes des sciences humaines, une épistémologie de l’équivocation (égale dignité des paroles) permet de raisonner en termes de versions pratiques et de formes de vie (Wittgenstein), plutôt que selon un clivage vrai/faux ou croyant·e/non-croyant·e. Elle prête ainsi attention à la diversité des voix en présence, leur permet de se répondre, sans que l’une d’entre elles ne prenne un ascendant décisif sur les autres ni même exiger qu’elles ne s’accordent.